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L’usine électrique de Gars

La commune de Gars a fait partie des premières communes des Alpes-Maritimes à bénéficier de l’électricité dans la première moitié du XXème siècle. La source qui jaillit du rocher, dont on ne connaît pas l’exacte  provenance encore à ce jour, rappelle doucement les romans de Marcel PAGNOL. Omniprésente par sa force, son bruit soutenu et ininterrompu et par ses nombreuses résurgences dans les habitations, elle était utilisée pour l’irrigation des cultures, la consommation quotidienne, le lavage du linge… Les points d’eau étaient nombreux et répondaient aux différents usages de la vie paysanne : deux fontaines, un lavoir, un lavoir à grain, de nombreux canaux, un « pouarto-aigo », des abreuvoirs… Au cœur du village, le canal encore appelé aujourd’hui « lou paraire » (le paroir) par les anciens du village surplombait le moulin à farine de Messieurs DEZE, GUERIN et OLIVIER. Le terme gavot « paraire » est une survivance orale qui désigne à l’origine un foulon ou un moulin paroir. C’était la première fonction de ce moulin. En effet, jusqu’au XIXème siècle, Gars était une vallée où la culture du chanvre et le métier de tisserand y étaient fortement représentés.

« La carte des usines hydroélectriques du département des Alpes-Maritimes (Archives Départementales 06), éditée en 1916-1917, fait figurer Gars parmi les projets, carte qui montre de plus que 4 turbines sont déjà installées et fonctionnent dans les environs proches. Ce projet peut difficilement avoir été conçu pendant la guerre […] le projet d’installation d’une usine électrique aurait déjà été évoqué en 1906 par Delphin (FREINET) » (Michel MULAT, Freinet Le bon sens à la fois paysan et éclairé, Editions Amis de Freinet).

Pour Christian TORCAT, l’usine remonterait  à 1926 ou 1927. Madeleine FREINET quant à elle attribue à son père Célestin FREINET l’initiative de l’électrification de Gars en 1925. « Mon père entreprend cette année-là, l’électrification de la commune de Gars, en créant [sic] un syndicat avec le maire de la commune de l’époque, Zéphirin TORCAT. Le montant des travaux avait été évalué à 30 000 francs environ. Le conseiller général Georges CHIRIS, parfumeur à Grasse, en avait financé la moitié à titre personnel. L’autre moitié était à la charge des habitants de la commune sous forme d’actions de 100 francs […] l’électricité fonctionna pour Noël » (Michel MULAT, Freinet, Le bon sens à la fois paysan et éclairé, Editions Amis de Freinet).

Sous l’impulsion de Célestin FREINET, les garcinois avaient créé un syndicat d’électrification aux environs de 1926. Ainsi, la population avait été sollicitée financièrement pour l’achat de la turbine. C’est le cas notamment de Gabriel TORCAT (né le 5 octobre 1907 – décédé le 8 mars 1982) qui avait donné des fonds pour la création de cette usine. Il avait obtenu de ce fait un reçu (Sources André DUVAL). Delphin FREINET dit « le Baron », (né le 21 juillet 1854 – décédé le 17 avril 1939) grand-père de Lucienne DRONIOU née FREINET (Famille de Célestin FREINET) avait lui aussi cotisé et avait obtenu un reçu du Syndicat d’Electrification (Sources Lucienne DRONIOU). Le nom RAVEL, Président et le nom GUIGUES, Trésorier figurent sur ce reçu. Ce sont des patronymes encore présents de nos jours dans notre village.

La société qui a installé la partie électrique et la turbine, était une société basée sur Grasse (deux ou trois employés). L’entrepreneur se dénommait Monsieur GIMBERT. C’était une entreprise spécialisée dans les bobines et les moteurs électriques (Sources Christian TORCAT).

Au niveau du fonctionnement de l’usine, il y avait des poulies, une ou des courroies de transmission qui faisaient fonctionner la turbine. L’eau était envoyée avec plus ou moins de force dans la turbine et cela produisait de l’électricité. C’est Zéphirin TORCAT (maire de Gars à cette époque) qui activait le mécanisme (Sources André DUVAL). Son épouse Claire TORCAT allait chaque soir baisser la tension vers 22h00. Au cœur de la nuit, les lumières des maisons étaient éteintes pour la plupart d’entre elles. Il y avait moins de besoin en électricité (Sources Lucienne DRONIOU).

L’été, la force de l’eau étant moins importante que le reste de l’année, la lumière était donc plus faible. L’électricité était aussi enclenchée plus tard dans la soirée. On faisait marcher chaque soir, les postes de radio (Sources André DUVAL). Quand la source était très faible ou tarie (ce qui arrivait malgré tout), la population utilisait les lampes à pétrole en remplacement de l’électricité (Sources Lucienne DRONIOU).

La population payait à l’ampoule. Les gens les plus aisés avaient une ampoule dans la maison et une autre dans l’écurie. Cela représentait deux abonnements (Sources André DUVAL). Delphin FREINET avait la lumière dans son écurie et trouvait cela « incroyable » (Sources Lucienne DRONIOU).